ÉCONOMUSÉE & Appellations réservées : Le Vignoble de l’Orpailleur.
Nouvelles du réseau
25 janvier 2023
Dans le cadre de son partenariat avec la Société du Réseau ÉCONOMUSÉE le CARTV rencontre des Artisans à l’œuvre pour aborder leur engagement dans la protection des produits, de leur patrimoine et de leur savoir-faire.
Deux autres articles sont disponibles à la lecture sur notre blogue.
Le blogue du jour s’attarde sur le Vignoble de l’Orpailleur et son propriétaire Charles-Henri de Coussergues.
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Pourquoi avez-vous décidé d’embarquer dans l’aventure Économusée ?
Est-ce que j’ai 3 minutes ou une demi-heure ? (rires) Je plaisante ! Même si c’est un sujet important pour nous. Première chose, faire de la vigne au Québec pour nous, même si je suis fils de vigneron, c’était [l’occasion] de revaloriser le métier qu’on fait.
Chez mes parents, comme chez beaucoup de migrants en Europe, on fait du vin, mais on vend le vin en vrac à ce qu’on appelle des négociants et donc le vin part, comme le lait ici présentement, en camion-citerne. Il n’y a pas de motivation, pas de lien avec le consommateur. L’aventure demeure donc non seulement de faire de la viticulture nordique au Québec, mais, et c’est surtout ça encore aujourd’hui après 40 ans, d’interpréter le métier qu’on fait, de parler aux gens de l’histoire derrière la bouteille.
[L’Économusée] ça venait nous aider encore plus à interpréter le métier d’artisan (parce qu’un vigneron, c’est aussi un artisan !). Il y a du travail derrière une bouteille de vin. C’est un produit que l’on façonne tout au long de l’année et c’est pour cela qu’on a ouvert l’Économusée en 2000. Ça a été super en termes de crédibilité et de visibilité. C’est un outil qui nous a aidés. Il faut se remettre dans ces années-là, le vin québécois [faisait face à] encore beaucoup de préjugés. Donc ça, ça nous a aussi aidés à combattre ces préjugés en amenant les gens sur place, en montrant les installations et en montrant le travail d’artisan.
Après, il y a aussi eu une aventure humaine, ça a été un coup de foudre avec Monsieur Simard (le fondateur du concept), qui pouvait parler pendant 3 jours de ses Économusées. Entre passionnés, on a besoin d’échanger entre nous aussi de nos bons coups, de nos mauvais coups et de nos expériences. Ça devient des regroupements. On partage beaucoup entre nous.
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Vous êtes d’abord devenu un Économusée, puis vous vous êtes ensuite engagés dans l’IGP Vin de glace du Québec, puis Vin du Québec quelques années plus tard. Qu’est-ce qui vous a vous motivé à vous impliquer dans la création de ces appellations réservées ?
On est dans une région où on est noyés par des vins étrangers. Encore aujourd’hui, tous les vignerons québécois ne produisent que 1.5% de la consommation québécoise, donc on ne représente pas grand-chose par rapport à tous ces vins étrangers qui arrivent avec d’importants budgets de promotion.
Aussi, il y a encore (même s’il y en a beaucoup moins qu’avant heureusement), des préjugés sur les produits locaux. Il a fallu faire nos preuves et à un moment donné, il y a eu un virage […] et parce que c’était bon, on avait du mal à croire que c’était québécois.
L’IGP, c’est un outil qui n’est pas parfait, mais il vient nous aider d’abord à démontrer la traçabilité. Aujourd’hui, on a eu une médaille d’or pour notre chardonnay et [avec l’IGP] je peux démontrer qu’il est québécois, car il y a un agronome qui est venu dans ma parcelle de chardonnay, qui a inspecté l’origine de mes raisins. De la parcelle de vigne jusqu’à la bouteille. Pour moi, c’était incontournable. Oui, c’est un cahier des charges et c’est contraignant, il faut remplir des documents, ceci et cela. On est conscient de ça, mais moi, qui fais partie des premiers vignerons au Québec, c’était important d’arriver à ce rendez-vous là.
Pour moi qui suis fier de faire du vin québécois, fier de ce qu’on arrive à faire aujourd’hui, de la qualité, je ne veux pas qu’il y ait de doute sur l’origine d’un de nos raisins. Voilà, c’est cette transparence qu’on se doit d’avoir vis-à-vis du consommateur.
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Quelle est la réponse du public lorsque vous leur parlez de votre engagement dans les appellations réservées ?
Ça réagit toujours bien. Encore aujourd’hui, des collègues me disent : « Tu peux vendre en SAQ, en épicerie, dans les restaurants, pourquoi continues-tu avec ton Économusée ? Pourquoi accordes-tu autant d’argent et d’énergie à recevoir le monde sur place ? » Mais pour moi, l’Économusée et la certification encore une fois représentent une grande fierté d’interpréter mon métier.
Puis mon équipe aussi aime cela. On a plaisir à recevoir du monde à notre propriété. Ça demande de l’énergie et c’est sûr que je ne joue pas au golf les week-ends (rires) je suis au vignoble, mais je n’ai pas de mérite, j’aime ça.
Et ce que je réponds à ces collègues, c’est que si je vends ce que je vends à la SAQ, dans les restaurants et dans les épiceries, c’est parce que je fais vivre mon expérience à la propriété et que les Économusées et les IGP font partie de cette expérience-là. Et ce sera de plus en plus vrai, les gens veulent savoir ce qu’ils ont dans leur assiette.
Je trouve que ça aide énormément l’Orpailleur dans l’image que l’on veut avoir. Et c’est là que j’arrive à me démarquer des vins de Bordeaux ou des vins chiliens, parce qu’il y a une histoire qui vient avec [nos produits].