Des histoires de familles et de pommes, au cœur des Artisans à l’oeuvre
Nouvelles du réseau
25 juin 2021
L’identité culinaire québécoise
Depuis les premières plantations effectuées dans les jardins des communautés religieuses sous le Régime français, en passant par l’introduction constante de nouvelles variétés et la modernisation, au XIXe siècle, de ce qui deviendra une industrie, les pommiers ornent nos paysages. Le Québec est un pays de pommes. En 2020, on y compte 465 entreprises spécialisées et une centaine de vergers ouverts à l’autocueillette. « Aller aux pommes » fait partie de la tradition, tout comme le grand pique-nique familial au verger qui complète l’activité.
Comme le bleuet, le maïs, le sirop d’érable, la pomme fait partie de la liste de nos aliments identitaires. Son utilisation répond, en plusieurs points, à la définition élaborée par la Société du réseau ÉCONOMUSÉE qui travaille à bien cerner ce concept d’identité culinaire. Il s’agit d’une ressource comestible dont l’importance n’est plus à prouver, qui s’inscrit dans une pratique saisonnière et qui a donné naissance à de nombreux mets. Dans l’assiette: des tartes, des compotes, des gelées ; dans le verre: du jus, du cidre, des boissons alcoolisées (gins et vermouth sont apparus plus récemment). Presque partout sur notre territoire, des familles continuent de faire vivre la tradition et quelquefois, depuis plusieurs générations.
En 1737, des Pedneault s’établissent dans L’Isle-aux-Coudres. En 1918, ils plantent un grand verger. Comme leur observation des températures les incite à croire que l’île jouit d’un microclimat, ils commandent des arbres à Oka, les mettent en terre et les multiplient (encore aujourd’hui, on y trouve de ces variétés anciennes, reproduites depuis un siècle). À la fin du XXe siècle, Michel Pedneault, promet à son père qu’il assurera l’avenir de la pommeraie. L’essor des productions locales, l’intérêt pour les boissons alcoolisées, la vogue de l’agrotourisme et un travail de tous les instants feront le reste. Aujourd’hui, les Vergers Pedneault mettent en marché 80 000 litres de boissons (avec et sans alcool) contenant beaucoup de pommes! L’Économusée du cidrier, créé en 2003, raconte l’histoire du verger et celle de la famille et insiste sur l’importance de la préservation des anciens spécimens. Éric Desgagnés, copropriétaire et neveu de Michel affirme que c’est la diversité qui caractérise la Cidrerie et Vergers Pedneault : « Nous misons sur une grande variété de fruits et de produits, plutôt que sur le volume. »
À Hemmingford en Montérégie, Robert et Joëlle Demoy sont des pionniers de la cidriculture. En 1989, le Crémant de Pommes de la Cidrerie du Minot devenait la première boisson artisanale québécoise mise en vente à la SAQ. Et, Robert fait partie de ceux qui ont milité activement pour l’obtention d’une appellation réservée. Aujourd’hui, deux de leurs cidres de glace sont certifiés par une indication géographique protégée (IGP), qui reconnaît les spécificités du terroir et le savoir-faire des artisans. Pour la suite, leurs enfants Alan et Audrenne veulent mieux faire connaître leur histoire et celle du cidre. Audrenne nous explique : « Nous avons déjà un petit musée, la Cidrerie du grand-père, où on trouve un pressoir familial qui date de 1850, de même que des équipements traditionnels bretons. » Le fait de devenir un économusée leur permettra de mettre davantage en valeur cette grande région pomicole et de bonifier l’expérience de visite : « Une fois que les choses seront rentrées dans l’ordre, après la pandémie, » conclut-elle avec espoir.
Pour en savoir plus sur les Artisans à l’œuvre de tout le réseau, riches de savoir-faire qui perdurent et qui ont su évoluer dans le temps, cliquez ici.
Ce projet a été financé par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation.